ton rendez-vous s'est éternisé, sans que tu ne puisses y faire quoi que ce soit. t'avais beau joué des coudes pour que la conversation se termine, ton client semblait bien trop en demander pour un premier jet. toi, tu comptais simplement lui présenter quelques anciennes chroniques, des articles et retourner là d'où tu venais pour ton rendez-vous avec hyuk mais les évènements ont pris un tout autre tournant. il a tenu à les lire devant toi, tes articles, tes chroniques. il t'en a même offert une critique plutôt sévère avant de chercher à comprendre tes propres motivations. tu t'es excusée, le temps de te rendre aux toilettes pour pouvoir prévenir hyuk de ton retard. et puis, après avoir posé toutes tes cartes sur la table, t'as finalement été libéré par ton client qui, satisfait, te proposait de te transmettre le contrat par e-mail. plutôt ravie du débouché de cet entrevue, t'as quitté les lieux toute souriante, présentant même tes félicitations à la secrétaire, visiblement enceinte. une fois dehors, t'as pas mis de temps à te trouver un taxi. paris, ville lumière, ta ville. t'en es amoureuse, de paris. et tu la connais par coeur. à peine assise à l'arrière du véhicule, tu annonces l'adresse et tu reprends ton portable en main. tu as bien vingt minutes de retard, tu soupires. alors, pour te faire pardonner, tu t'offres un petit détour par une boulangerie voisine et achète de quoi pardonner ton retard. une fois la course payée, tu gravis les marches jusqu'au perron de l'immeuble dans lequel se trouve ta petite société de conseil en image. tu observes la plaque de cette dernière, un brin de fierté accroché au visage, et tu t'y engouffres. tu prends l'ascenseur sans attendre et lorsqu'enfin tu pousses la porte de ta compagnie, tu retrouve hyuk, assis, à la réception. "rose." tu adresses à ta secrétaire en souriant puis, en te tournant vers ton jeune client "excuse moi hyuk. mon rendez-vous m'a pris plus de temps que prévu. mais regarde..." tu tends le sachet en souriant "j'ai acheté quelques viennoiseries pour me faire pardonner." tu lui adresses un clin d'oeil chaleureux avant de l'inviter à te suivre "viens, on va aller dans mon bureau." et tu attends qu'il se lève de son siège.

Baillant aux corneilles après avoir travaillé jusque 5h du matin, il se réveille à 10h, la tête embuée et encore pleine de musique. Une main dans ses cheveux et il se redresse pour aller prendre une douche directement avant de se faire des ramens pour le petit déjeuner. Y’a mieux et plus sain, mais il n’a pas envie de faire d’efforts. Il attrape son téléphone pour voir que son rendez-vous avec Jade et décalé. Une chance ! Il lui répond avant de manger, seul devant sa fenêtre et sa vue sur Paris, pensant à son île et à l’océan qui lui manque particulièrement. Les paysages sont si beaux à Jeju-do.

Une fois le repas d’avalé, il traîne sur le net avant de reprendre ses cours pour les compléter. 13h arrive et il enfile un jean, un pull à col roulé blanc, des chaussures un peu pointues et noires en cuir italien, puis un long manteau d’hiver à carreaux noirs et blancs. Cheveux simplement coiffés avec sa mèche sombre qui tombe sur le front. Il prend un sac en besace avant d’y mettre ses papiers, son portefeuille et un recueil de poèmes à lire dans le métro.

Finalement, ses grandes jambes sont lancées et il atterrit une demi-heure plus tard dans les locaux de la petite société de sa marraine la bonne fée, remerciant Rose pour son gentil accueil et le thé qu’elle lui offre à son arrivée. Il s’installe et continue de lire, recevant un message comme quoi elle sera en retard. Il répond qu’il l’attend et repose son cellulaire pour poursuivre sa lecture.

Et puis, elle arrive enfin. Il redresse sa carcasse longiligne pour s’incliner vers elle, poli au possible, avant de se lancer dans un français peu assuré. Mais pour elle, il fait un effort. Et puis, pour lui aussi. Il a besoin d’apprendre à maîtriser cette langue pour prouver à son père que ça en vaut la peine de l’avoir envoyé ici. « Non, c’est rien… » Il secoue les mains. « Oh, il ne faut pas. Fallait pas ? » C’est comment l’expression déjà !? Mais il s’incline encore en prenant le sachet. « Merci très beaucoup. » Il y a trop de R dans la langue française, il a du mal à les prononcer et ils sortent comme des L un peu cagneux à cause du coréen d’origine qui ne lui lâche pas les basques. Il la suit alors dans le bureau et dépose le sachet sur la structure avant de s’asseoir dans un fauteuil pour la regarder en souriant. « Je suis content de vous voir. » C’est vrai, il apprécie beaucoup la femme face à lui.